Rencontre avec Mme Bomy-Vanheeckhoet

Rencontre avec Mme Bomy-Vanheeckhoet

Lors de la journée du souvenir des victimes de la déportation le 26 avril 2015, nous avons eu l’occasion de rencontrer Mme Bomy-Vanheeckhoet qui a accepté de nous donner ses coordonnées afin d’entrer en contact avec elle.

Mme Bomy-Vanheeckhoet est la fille de Mr Vanheeckhoet, un médecin qui fut résistant-déporté au cours de la Seconde Guerre mondiale.

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Docteur Maurice Vanheeckhoet

Le 15 juin 2015 sur son invitation, nous nous sommes rendus chez elle à Calais, en groupe, avec nos professeurs. Au cours de cette rencontre, nous avons dialogué et échangé, Mme Bomy nous a montré des photos, des lettres que son père écrivait au fil des différents événements qui survenaient dans sa vie, ainsi que de nombreuses éditions de Patrie, journal du groupe de résistance « Patrie » dont M. Vanheeckhoet fut le chef.

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un exemplaire du journal « Patrie »

Né en 1879, Maurice Vanheeckhoet est officier de cavalerie pendant la guerre de 14-18. Ce n’est qu’après la guerre qu’il décide de faire ses études de médecine, contre l’avis de ses parents qui voulaient qu’il reprenne leur conserverie.

Quand les Allemands arrivent à Boulogne-sur-Mer fin mai 1940, le Dr Vanheeckhoet est âgé de soixante ans. Suite à ces événements il décide de monter une organisation résistante permettant de renseigner les Alliés. Il s’entoure d’amis, dont la plupart sont des anciens de la guerre 14-18.

C’est le 10 mars 1944 que le Docteur Vanheeckhoet est invité à se présenter à la Kommandantur de Boulogne-sur-Mer, en sa qualité de résistant. Absent au moment de cette « invitation », il s’y rend à son retour, prenant soin auparavant de fermer son bureau à clé. Sa fille ne le reverra jamais. Il reste 48 jours en cellule avant d’être transféré à la prison d’Arras. Mme Bomy-Vanheeckhoet nous apprend, lors de notre entretien avec elle, que l’arrestation de son père serait consécutive à une dénonciation de la part de certains hommes politiques de Boulogne, notamment le fils du sénateur, membre de l’OCM (Organisation Civile et Militaire, un des grands réseaux de résistance auquel le groupe Patrie adhérait depuis avril 1943). Elle nous communiquera ensuite, par courrier, des documents écrits depuis la prison de la main de son père ; ceux-ci évoquent la dénonciation dont il a fait l’objet.

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Une des lettres envoyées par M. Vanheeckhoet

Un premier procès condamne le chef du groupe « Patrie » à mort pour faits de résistance. M. Vanheeckhoet prend lui-même sa défense et voit sa peine réduite à cinq années de prison. Il est déporté par le train de Loos le 1er septembre 1944, deux jours avant la libération de Lille, vers le camp de concentration de Sachsenhausen en Allemagne, pour ensuite être transféré au camp de Bergen-Belsen, où il décède en mars 1945 des complications du typhus. ( NB : Ce train emmène environ 1250 détenus politiques, tous résistants, considérés comme de dangereux terroristes par les Allemands, de toutes origines sociales, de tous les réseaux de résistance, regroupés depuis quelques jours par les SS dans les cellules de la prison de Loos et la prison Saint Bernard située sur le domaine pénitentiaire de Loos. Sur le train de Loos, lire : Yves Le Maner, Le « Train de Loos ». Le grand drame de la déportation dans le Nord-Pas-de-Calais).

C’est au fil des années que Mme Bomy-Vanheeckhoet réussit à rassembler de nombreux documents concernant son père. Elle conservait déjà, à l’intérieur d’une valise noire, les lettres qu’il avait envoyées pendant son incarcération, valise qui contient désormais toute la mémoire du groupe Patrie. Par la suite, elle a eu la volonté de transmettre la mémoire de son héros, son père, en communiquant des exemplaires du journal Patrie à la Coupole d’Helfaut et aux Archives Municipales de Boulogne-sur-Mer.

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J’ai trouvé cette rencontre très enrichissante. Mme Bomy-Vanheeckhoet nous a donné l’envie de transmettre la mémoire de son père et des résistants de la Seconde Guerre Mondiale. Le fait que ces événements aient eu lieu dans ma ville a, pour ma part, renforcé cette volonté de transmission. Personnellement, je trouve intéressant de savoir que des hommes, vivant là où nous vivons depuis toujours, se sont battus pour la France.

Rémy Creton